C’est une espèce d’absolu inatteignable, ou rarement atteignable, sorte de Graal du monde des organisations. Tout le monde le recherche, beaucoup en parlent, mais l’a-t-on vraiment observé ? Dans notre culture populaire, oui. Le cinéma nous offre régulièrement des histoires dans lesquelles se manifestent des aventures collectives soulevant des frissons qui disent bien qu’on touche là à l’extraordinaire. Le sport participe aussi de la mythification. Quand une équipe gagne, le récit rétrospectif montrera souvent cet esprit qui s’est installé, comme par magie, faisant d’un groupe d’individus une entité organique dotée d’une force surhumaine. L’esprit d’équipe, quand il se manifeste, a quelque chose à voir avec la grâce.
L’esprit d’équipe est au collectif ce que la perfection est à l’individu. Il se cultive, mais advient rarement, et quand c’est le cas, relève d’une alchimie mystique ou est attribué à un leader extraordinaire. L’équipe de France de rugby vivotait depuis dix ans quand la grâce est revenue. L’équipe a été transfigurée par la magie d’un changement d’entraîneur. La réalité de cette histoire est plus subtile, et révèle une approche moins transcendante et plus construite.
Les équipes dont il est question dans ce numéro ne remportent pas toutes des Coupes du monde – l’esprit d’équipe peut advenir dans les activités les plus ordinaires –, mais se forgent toutes autour de projets mobilisateurs : apporter la lumière dans les rues tout en contribuant aux objectifs du Pacte des Nations unies, intégrer des réfugiés en leur permettant d’exprimer leur plein potentiel, faire de l’internet et de sa maîtrise par le plus grand nombre un outil de lien et de libération, construire une université d’entreprise commune à plusieurs ETI pour stimuler les équipes et les faire grandir ensemble.
L’esprit d’équipe suppose de se reconnaître un destin commun. Les aventures de ce numéro sont toutes marquées par une volonté d’intégration, que ce soit les membres de la famille à qui on cherche la place qui correspond à leurs compétences chez Ragni ou les réfugiés dont les équipes d’each One comprennent qu’ils ont une valeur importante à condition d’investir pour cette intégration. L’esprit d’équipe repose sur un humanisme qui implique croyance en l’individu, en sa capacité de développement, aux complémentarités ; il suppose respect des différences et entraide.
Tout cela pourrait être frappé au coin de l’évidence, mais la réalité montre que la quête de performance à court terme ne pousse pas en ce sens. Pendant longtemps, on a pris les meilleurs dans l’équipe de France de rugby. C’est oublier que les meilleurs ne font pas une équipe, que procéder ainsi néglige la prise en compte des complémentarités et la dynamique des individus. Et que prendre les meilleurs entretient une culture de l’hyperconcurrence, épuise les individus, ceux que cette approche ne laisse pas sur le côté. Le culte de la performance implique une forme d’élitisme, alors que le jeu de l’esprit d’équipe fait d’une « somme d’individus un pool de talents » (Théo Scubla), conduit à « identifier les superpouvoirs » des individus (Didier Retière) et à réunir les « super-héros [qui se trouvent] dans les associations, au sein de l’État, dans les collectivités locales, dans l’entrepreneuriat social ou dans le monde de la philanthropie » (Frédéric Bardeau).
Nous sommes tous dans le même bateau. En prendre la mesure fait aussi prendre la mesure du potentiel de l’équipage.
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