« Pour faire un monde, oh Dieu que c'est long », chantait Hugues Auffray. Dieu que c’est long, mais surtout, Dieu que c’est compliqué, réalise le Bon Dieu s’énervant dans son atelier, bien loin de l’image de facilité à laquelle les cosmogonies nous ont habitués. Dans la Genèse, c’est l’affaire de sept jours, dont un pour créer l’homme et un consacré au repos. Dans d’autres cosmogonies, le Créateur se réveille et, en ouvrant les yeux, crée l’univers et tout ce qu’il contient. Ou prend le limon de la terre pour créer l’homme. Facile.
S’il nous fallait, pour une raison ou pour une autre, rebâtir le monde, bâtir un nouveau monde, construire un monde d’après, comment devrions-nous nous y prendre ? On voit poindre, dans ce numéro, plusieurs approches pour aborder ce défi, que l’on peut nommer transition, gestion du changement, innovation. Elles sont dirigistes, paramétriques, émergentes. Elles impliquent un changement de personne et de regard, elles mobilisent une transformation par des éléments structurels, ou demandent du temps, de la patience autour d’une ligne claire. Elles suggèrent toutes la difficulté de la tâche.
Avec Prospheres, on peut parler de deus ex machina. Les actionnaires font appel à cette entreprise qui prend la responsabilité temporaire d’une activité pour en transformer le modèle économique, dans un processus exigeant et collectif. La Création originale de Canal + a consisté en la création d’une sorte de paradis pour les auteurs de fiction télévisuelle, un environnement qui leur permette de créer des œuvres originales. Changer le monde passera-t-il par la transformation des pratiques de la finance ? Autrement dit, la finance verte peut-elle faire la preuve de l’efficacité des approches incitatives ou réglementaires ?
L’échelle locale souligne toutes les difficultés qu’il y a à vouloir transformer un territoire, en même temps que les interrelations qui se nouent entre les différentes dimensions de l’urbanisme, du logement, de la mobilité, des inégalités. Il s’agit de coordonner les différents leviers, mais aussi de les prioriser. L’approche dirigiste paraît nécessaire, mais une approche émergente permet de libérer la créativité et de faire émerger des réponses portées par des entrepreneurs. Le rapprochement de tous ces acteurs pour organiser leur coordination au sein d’un pôle de compétitivité semble fertile.
Depuis bientôt trente ans, l’École de Paris met en avant des initiatives provenant de tous horizons, des pouvoirs publics aux territoires, des entreprises au monde associatif, des start-up aux citoyens. Des entreprenants agissent, partout, au service de la transformation du monde. Le dernier texte de ce numéro met en lumière tout l’intérêt qu’il peut y avoir à mettre en discussion ces initiatives variées pour interroger leur capacité à dessiner un autre monde. Il défend l’idée que le changement imposé par les limites planétaires ne pourra provenir des seuls dirigeants ni seulement du terrain et des initiatives spontanées. Il exigera une coordination entre tous les acteurs engagés, parce qu’il est nécessaire de se fabriquer une représentation du monde pour le transformer vite. Pour faire un monde, Dieu que c’est long. Pour accélérer, il faut chanter à l’unisson.
Pour appuyer les développements de l’École de Paris, notamment dans son ouverture internationale, nous avons créé un comité de soutien.
Il permet à ceux qui sont attachés à nos activités de nous soutenir par des dons personnels, ou de leur entreprise.
Voici nos membres actuels :
Pour obtenir plus de précisions sur les modalités d’adhésion au comité de soutien, n’hésitez pas à nous consulter.
Si vous avez déjà acheté le Journal, ou si vous êtes abonné, merci de vous connecter à votre compte.
Si
vous souhaitez consulter ce numéro ou vous abonner, cliquez ci-dessous pour plus d'informations :