Comme un vol d'étourneaux...
L’étourneau, gracieux et fragile oiseau dont le nom évoque l’insouciance, lorsqu’il vole en groupe, compose des figures ordonnées et élégantes qui révèlent une parfaite coordination entre tous les individus associés dans le même vol. C’est l’analogie que propose un des articles qui suivent à propos d’un réseau d’entreprises dans le domaine des détecteurs de fumée.
Cette impression d’harmonie se retrouve dans les entreprises qui réussissent. Michel Berry les recense comme des œuvres d’art, leur cohérence stratégique les amenant à mobiliser toute l’énergie de leurs collaborateurs.
C’est une harmonie du même ordre qui est visée par le responsable de la supply chain, son but étant que chaque acteur reçoive l’élément dont il a besoin, et ce, seulement au moment approprié. Chacun à sa place, comme dans les nuées d’étourneaux.
Le groupe Armor, l’historique inventeur du papier carbone au siècle dernier, mène sa stratégie avec une admirable cohérence ; il est toujours numéro un mondial dans le domaine de l’étiquetage.
La start-up Beyond the Sea, avec sa production de kites (cerfs-volants), présente également un trait commun avec les vols d’étourneaux : il s’agit d’exploiter la force du vent pour composer des formes élégantes et d’une grande efficacité technique si l’on compare le poids du cerf-volant et la masse qu’il est en mesure de mobiliser. Le principal argument en faveur de ce mode complémentaire de traction des navires est sa contribution à la décarbonation de l'énergie, et l’on devrait s’attendre à une rapide généralisation de ce dispositif.
Le vol des étourneaux évoque l’ordre. Mais ce terme renvoie à deux idées différentes, l’harmonie et le pouvoir ; cette dernière idée est particulièrement explicite dans le cas des défilés militaires. Par contre, chez les étourneaux, il n’y a pas de trace d’une autorité centrale.
C’est également le cas chez les abeilles et les fourmis, chez qui l’on observe une répartition des tâches, avec une remarquable cohérence dans la logique de la construction et de la gestion des ruches et des fourmilières.
Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage L’Ancien Régime et la Révolution, démontre que les institutions de la République ont pris la place et le rôle de celles de la monarchie. Cela confirme l’idée que bien gouverner, c’est l’art de changer le nom des institutions quand elles sont devenues odieuses au peuple.
J’ai coutume d’apprécier la cohérence d’une organisation à partir d’une grille à quatre niveaux : la matière, les personnes, les institutions et le sacré. Une institution en bonne santé est caractérisée par une bonne harmonie entre ces quatre niveaux, comme chez les étourneaux.
Une nouvelle technique, un changement d’acteur, un nouveau règlement, une nouvelle norme culturelle (par exemple, l’écologie...) bouleversent l’harmonie des quatre niveaux. On s’efforce alors de ramener l’ordre, ce qui peut créer de nouveaux décalages et tensions… alors que cela marche tout seul dans les vols d’étourneaux.