Après plusieurs années de développement au Cnam (Conservatoire national des Arts et Métiers), le jeu sérieux « Rêves de vélo » a été lancé en mai 2025 sur la plateforme France Université Numérique. Il se déroule au tournant des années 1860, lors de l’émergence du vélocipède, précurseur du vélo moderne ; la France en est alors le pays pionnier. À travers une bande dessinée interactive, chaque joueur incarne trois personnages aux profils contrastés qui vivent des aventures dans un environnement historique reconstitué. Un jeu sérieux ne simule pas seulement une réalité : il crée des situations d’expérimentation, de prise de décision et de réflexion critique, mettant les joueurs en posture d’innovateurs. L’histoire du vélo permet d’explorer les multiples dimensions (techniques, organisationnelles, économiques, sociales, juridiques…) d’un processus innovant. Gilles Garel et Loïc Petitgirard présenteront la conception du jeu et la mobilisation de l’expérience ludique pour former à l’innovation.

Développer de nouvelles formes de gouvernance d’organisations pour faire face à la complexité actuelle, tel pourrait être le fil rouge de Sébastien Soriano d’abord au ministère du Numérique, puis à la présidence de l’Arcep, avant la direction générale de l’IGN, cartographe d’État qui, depuis 2019, a été amené à ouvrir ses données (open data)… sans vraie compensation financière. Produire des cartes du territoire non pas tel qu’il fut, mais tel qu’il sera probablement, tous les trois ans et non plus tous les cinquante ans, est un changement radical. Il devient alors nécessaire de repenser la gouvernance de la production (écosystèmes associant acteurs publics, privés et société civile), les moyens de production (dont l’IA) et les usages, civils et militaires, au profit des décideurs publics et privés qui ont besoin d’un jumeau numérique pour anticiper et simuler. Les “communs” ainsi créés collectivement au service des grands enjeux de la nation sont aussi un vrai levier de souveraineté.

Lorsque deux frères, fondateurs d’une entreprise de fabrication de poteaux et panneaux de clôture, la transmettent à deux frères de la génération suivante, tout semble dans l’ordre des choses. Malgré des conditions d’exploitation qui se durcissent, un marché qui s’assèche et une concurrence étrangère toujours plus inéquitable, l’ingéniosité managériale et l’humanisme des nouveaux dirigeants réussissent à transformer l’entreprise en exemple de performance collective et de résilience, ce qui impressionne les observateurs et suscite l’enthousiasme à l’École de Paris. Mais après vingt ans de combat, la brutale contraction de 50 % de leur marché depuis le début de la guerre en Ukraine a rendu la protection du tribunal de commerce inévitable. Amaigrie mais sauvée, l’entreprise reprend son développement. Cette séance sera l’occasion de s’interroger sur l’avenir de l’industrie à valeur ajoutée modérée en France, les non-dits de la transmission et les arcanes de l’écosystème de la faillite.

Médecins Sans Frontières (MSF) est aujourd’hui l’une des plus grandes ONG internationales, présente dans plusieurs dizaines de pays et employant plus de 60 000 personnes. Les besoins rencontrés sur ses terrains d’intervention sont immenses, et certains soulèvent des questions auxquelles les solutions technologiques existantes ne répondent pas encore. La Fondation MSF est une structure de taille modeste, au service des terrains, qui agit sur deux fronts complémentaires : le développement d’innovations souvent fondées sur des technologies de pointe ; la réflexion critique portée par son think tank, le Crash, qui analyse des pratiques opérationnelles et anime des débats, parfois sensibles, sur les enjeux du monde humanitaire. Forte d’une dizaine d’années d’existence, la Fondation voit aujourd’hui certains de ses projets entrer en phase de déploiement mondial, au sein comme en dehors de MSF, tandis que de nombreux autres demeurent à un stade exploratoire. Cette séance illustrera un modèle original d’innovation et en discutera les principaux enjeux et défis.