Assurer la transition énergétique de son réseau de bus est une révolution pour la RATP. Le projet étant complexe, les risques de retards sont importants ; il doit pourtant être prêt pour l’ouverture à la concur­rence en 2025. François Warnier de Wailly poursuit ce défi lancé par Felix von Pechmann et mené en mode start-up au sein de la RATP. Résoudre l’antagonisme entre conduite huilée de l’exploitation et transfor­mation du système, à une telle échelle et avec de telles contraintes, est une expérience qui méritait d’être partagée.


Exposé de Felix von Pechmann et François Warnier de Wailly

Felix von Pechmann : Je suis ingénieur et j’ai travaillé dans le domaine des systèmes d’information avant de soutenir une thèse intitulée « L’ingénierie du déploiement d’une plateforme disruptive – Le cas du véhicule électrique », sous la direction de Christophe Midler. J’ai par la suite été nommé responsable du programme Bus électriques de la RATP, qui soulevait beaucoup de questions similaires à celles que j’avais étudiées pendant mon doctorat. Après avoir vécu les différentes phases d’initiation, d’apprentissage, de montée en puissance, de cadrage, de discussion du projet, j’ai passé le relais à François Warnier de Wailly, chargé d’assurer sa réalisation opérationnelle. Je dirige désormais le programme Information voyageur de la RATP.

François Warnier de Wailly : Je suis également ingénieur et, après un court passage dans l’automobile, j’ai intégré la RATP, où j’ai travaillé essentiellement pour le réseau de surface, d’abord à la maintenance, puis sur des projets d’innovation. J’ai ensuite été chargé de la maîtrise d’ouvrage du prolongement du tramway T2 entre La Défense et Bezons. Puis, je suis parti à Bordeaux, où j’ai eu le privilège de piloter pendant huit ans la maîtrise d’œuvre du tramway, un projet s’élevant à plus d’1 milliard d’euros et représentant une quarantaine de kilomètres de lignes, avec des enjeux d’insertion urbaine et de revalorisation des quartiers. Alors que ce chantier touchait à sa fin, la RATP m’a demandé d’accompagner le projet Bus 2025, puis, il y a quelques mois, d’en prendre la direction.

Les bus de la RATP

Felix von Pechmann : Avant la crise de la Covid-19, les 4 700 bus de la RATP, répartis sur 338 lignes ponctuées de 12 094 arrêts, parcouraient au total 179 millions de kilomètres et transportaient 1 milliard de voyageurs par an. On peut imaginer la complexité de la gestion d’un tel système de transport, de surcroît en milieu urbain très dense.

François Warnier de Wailly : À travers le programme Bus 2025, la RATP a engagé, depuis 2014, une grande transition énergétique et écologique. L’objectif est de diminuer de 50 % les émissions de carbone par rapport à 2015, mais aussi de réduire massivement les émissions de polluants locaux et les nuisances sonores engendrées par les bus diesel.

En 2025, 100 % de la flotte RATP sera constituée de bus propres, parmi lesquels on range les bus électriques, les bus hybrides (diesel et électrique) ainsi que les bus fonctionnant au bioGNV (biogaz naturel pour véhicule). Les bus hybrides disparaîtront ensuite peu à peu, approximativement vers 2035, car les derniers ont été achetés en 2020 et ils ont en général une durée de vie de quinze ans.

Le remplacement des bus diesel se fait à une cadence moyenne de 600 unités par an, avec des pointes à 700, ce qui n’était jamais arrivé à la RATP, où le renouvellement annuel avoisinait plutôt les 300 bus.

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