En voyant un chantier où des parties peu accessibles sont mal traitées, Asma Bouaouaja et Clément Serrat ont l’idée de créer des drones puissants dédiés aux travaux intensifs. Ils trouvent des clients potentiels, fabriquent leurs prototypes, un logiciel de vol, un jumeau numérique et une propulsion en partenariat avec Siemens. Après avoir démarré avec le soutien de proches et d’institutions d’amorçage, ils sont prêts à lancer le développement, mais investir dans une start-up industrielle semble faire peur aux investisseurs…


Exposé d’Asma Bouaouaja

La société Aerial Coboticus fabrique des drones de grande envergure et de haute capacité, dédiés à des activités intensives. Notre raison d’être est de rendre les travaux en hauteur accessibles, économiques, rapides et sécurisés pour les opérateurs. Pour ce faire, nos drones sont munis d’outils leur permettant, par exemple, d’effectuer du décapage à très haute pression, de piocher le béton, de réaliser des contrôles non destructifs, ou encore de projeter de la résine ou de la peinture. Leur particularité est de supporter des forces de recul importantes et de fonctionner avec une alimentation filaire, ce qui supprime les problématiques de puissance et leur permet de travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le câble assure également le transfert des données de façon sécurisée. Enfin, il est conçu pour assurer le transport des fluides (eau, peinture, résine, béton) directement depuis le sol.

Les fondateurs

Clément Serrat est diplômé d’Epitech et expert en informatique et nouvelles technologies. Je suis ingénieur diplômée de l’École centrale Paris, spécialisée en aéronautique, aérospatial et management de projet, et j’ai également obtenu un DEA en énergétique et physique des transferts et combustion. Nous avons travaillé ensemble dans la même société de conseil et sur plusieurs grands projets dans l’industrie, la logistique et le nucléaire. Clément est Green Belt Lean Six Sigma1 et moi-même, Black Belt Lean Six Sigma. Il est élève-pilote d’hélicoptère et je suis élève-pilote d’avion, et par ailleurs, nous avons tous deux été membres d’une association de restauration mécanique d’avions anciens.

Un jour, en 2013, alors que nous passions près de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui faisait l’objet d’un ravalement, nous avons constaté que la flèche n’était pas concernée par le chantier, probablement en raison de son inaccessibilité. C’est ainsi que nous est venue l’idée d’équiper un drone d’outils, afin de pouvoir intervenir dans des zones difficiles d’accès.

Premiers travaux

Nous avons commencé, sur notre temps libre, à approfondir le concept, à analyser le marché des drones et à nous renseigner sur les besoins des entreprises du bâtiment. Des architectes, par exemple, nous ont expliqué qu’il était parfois difficile d’assurer la maintenance de leurs constructions. Des entreprises du BTP nous ont appris que, pour la réfection d’un ouvrage d’art, les échafaudages représentent parfois plus de la moitié du coût du chantier. Enfin, selon les études publiées par l’Assurance Maladie, les chutes de hauteur sont la première cause des décès dans le bâtiment.

Nous avons rapidement compris que notre future machine ne pourrait pas être un drone “ordinaire” simplement muni d’outils, mais devrait, dès le départ, être conçue pour les usages très particuliers auxquels elle était destinée. Elle devait, en particulier, résister à des poussées de 150 à 300 newtons pour le décapage à très haute pression. La solution que nous avons imaginée repose à la fois sur les caractéristiques physiques du drone et sur le logiciel qui le pilote. Nous avons fondé Aerial Coboticus en 2015, et le premier acte de la société a consisté à déposer le brevet correspondant à ces innovations.

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