Le Journal de l'École de Paris - janvier/février 2018

Réconcilier les futurs

janvier/février 2018

L'édito de Thomas PARIS

Au sommet d’une dune dans le désert, un scarabée relève son arrière-train et, magie d’une carapace combinant bosses à la surface hydrophile et rainures revêtues d’une cire hydrophobe, condense le brouillard du petit matin, et le transforme en gouttelettes qui seront guidées jusqu’à sa bouche.

À son arrivée à l’aéroport, un passager s’arrête dans un box, récupère ses bagages et part rejoindre son vol, tandis qu’un robot prend en charge le véhicule, l’emmène dans un parking et le remettra à la disposition de son propriétaire à son retour.

Le futur n’a jamais été aussi proche, à la fois fascinant et effrayant, se parant des atours du digital, du big data, de la robotique, de l’intelligence artificielle. En réalité, deux futurs s’opposent. L’un, robotique, parfois froid et déshumanisé, véhicule de tous les peurs et fantasmes. L’autre, organique, qui puise ses racines dans la nature. L’intelligence des machines contre l’intelligence de la vie.

Car à côté des travaux qui exploitent les nouvelles technologies du numérique et de la robotique, des recherches se développent de façon exponentielle en biomimétisme, sur le constat que la nature a eu tout le loisir – depuis le temps ! – de trouver des solutions à de nombreux problèmes qui se posent à nous. La preuve par le scarabée, que des chercheurs s’efforcent d’imiter pour concevoir des dispositifs de captation d’eau. La preuve aussi par la toile d’araignée, par les algues ou encore par les hydrogénases. 

Dans cette construction du futur, la vision de Stanley Kubrick n’est jamais très loin, celle qui dans 2001, l’odyssée de l’espace montre le saut rapide d’Homo sapiens vers une course technologique qui le dépasse. Elle a inspiré le nom de Stanley Robotics, l’entreprise à l’origine de ces robots fascinants qui rendent le stationnement en parking simple. Elle a inspiré les architectes de XTU pour la conception d’un musée en Corée. Leur aventure est d’ailleurs un clin d’œil fortuit à la magnifique ellipse du film, qui les a fait passer de la préhistoire, thème du musée, à l’exploration de technologies d’avant-garde dans la conception de bâtiments, basées par exemple sur les propriétés des micro-algues.

XTU conçoit l’avenir de l’habitat en pensant écosystèmes. Ce concept emprunté à la nature est aussi au cœur de la démarche d’Akuo Energy, qui entend contribuer à l’avènement d’une économie plus harmonieuse avec la terre, autour des énergies renouvelables, en inventant des solutions innovantes conçues dans des écosystèmes locaux.

Les écosystèmes sont centraux en matière d’entrepreneuriat, traduction que l’innovation repose sur une dynamique organique plus proche de l’environnement des start-up que de celui des grandes entreprises. Axa, pour ne pas se laisser confisquer le futur de l’assurance par d’autres, s’y est engagé, en développant à travers Kamet un dispositif original qui lui permet de résoudre l’équation complexe de la cohabitation du futur avec le présent.

Ses consœurs construisent des robots avant de se demander à quoi ils servent. La démarche à contre-courant de Stanley Robotics confine les robots aux parkings, et offre ainsi aux humains de s’émanciper de ces lieux sans vie. Le robot et le scarabée ne sont pas condamnés à se retrouver dos à dos. Le futur peut cohabiter avec le présent, la technologie avec l’humain, le développement avec la Terre.

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