En 1922, Armor invente le papier carbone, puis, au cours du siècle, produit tous types d’encres et de consommables d’impression. Semblant à bout de souffle en 2004, elle est rapidement redressée et cédée en 2008 à un fonds lyonnais. En 2014, l’équipe de direction acquiert la majorité du capital, en y associant 500 salariés. En 2022, elle acquiert son concurrent historique américain et contrôle 100 % du capital. Aujourd’hui, le moment est venu de diversifier le Groupe dans les énergies renouvelables !


Exposé de Hubert de Boisredon

Une entreprise fragilisée

L’histoire d’Armor commence à Nantes, en 1922, avec Messieurs Galland et Brochard qui s’associent pour fabriquer des encres dans le quartier ouvrier de Chantenay, sur les bords de Loire. L’entreprise s’y développe malgré la crise économique de 1929 et les destructions de la seconde guerre mondiale.

À partir des encres qu’elle fabrique, l’entreprise va d’abord développer le papier carbone, puis les rubans de machines à écrire, puis les rouleaux de fax qui, de fait, sont toujours des rubans encrés. Alors que les fax disparaissent, Armor se relance en rachetant un producteur marocain de cartouches laser pour imprimantes de bureau, puis en s’orientant vers les cartouches à jet d’encre.

Au début des années 1980, Armor investit dans la technologie de l’impression par transfert thermique. La croyance stratégique voulait alors que cette technologie – qui utilise des têtes d’impression chauffantes pour déposer des couches minces d’encre sur un film polyester – se développe dans la bureautique informatique. Armor a partagé avec IIMAK (International Imaging Materials, Inc.), son concurrent américain direct, l’achat d’une licence au japonais Fuji Copian, le marché se répartissant alors entre Fuji Copian pour l’Asie, IIMAK pour l’Amérique et Armor pour l’Europe.

En réalité, la bureautique informatique s’est finalement tournée vers les cartouches d’encre, réduisant à néant notre pari, à tel point qu’au début des années 1990, les actionnaires de l’époque, la famille d’Antoine Rufenacht, ancien maire du Havre, ont dû remettre au capital. Ce n’est que grâce à eux qu’Armor a alors pu survivre.

Par chance, un autre besoin a surgi, celui de la traçabilité d’une multitude de produits identifiés par des étiquettes avec code-barre, dès lors omniprésentes. Ce marché s’est rapidement développé et la technologie la plus efficace s’est opportunément avérée être l’impression par transfert thermique. Armor a immédiatement pu se positionner sur ce nouveau marché et se développer jusqu’aux années 2000, en dépit de certaines erreurs stratégiques. Armor n’a, en effet, pas suffisamment investi et a laissé s’implanter en Europe des “découpeurs”, c’est-à-dire des entreprises important du film polyester enduit par des concurrents pour les découper en rubans d’impression avant de les distribuer.

La technologie du transfert thermique

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