Renault a lancé Software République en embarquant Atos, Dassault Systèmes, Orange, STMicroelectronics et Thales pour répondre aux défis de la mobilité. Cet attelage à géométrie variable selon les projets associe des ingrédients connus comme l’incubation, l’open innovation ou le start-up studio non pas à partir d’une technologie de rupture, mais à partir des actifs des partenaires et de la volonté d’au moins trois d’entre eux d’unir leurs forces. Les premiers retours d’expérience semblent confirmer l’intérêt de cette démarche originale…


Exposé d’Éric Feunteun

La naissance de Software République a été annoncée par Luca de Meo, le directeur général de Renault, lorsqu’il a lancé le plan stratégique Renaulution au début de l’année 2021. Les cinq autres partenaires, Atos, Dassault Systèmes, Orange, STMicroelectronics et Thales, tous parmi les meilleurs acteurs de la tech mondiale, ont rejoint l’aventure quelques mois plus tard. J’ai personnellement rejoint la direction des opérations en juin 2021, alors que Luc Julia, spécialiste de l’intelligence artificielle (IA), rejoignait Renault en tant que directeur scientifique, devenant ainsi parrain de Software République. Cette entité se développe désormais rapidement.

Pourquoi Software République ?

On observe trois grandes tendances dans les évolutions actuelles de la mobilité : le passage d’un objet à un service ; la digitalisation croissante, depuis la connectivité jusqu’à l’autonomie complète du véhicule ; et l’électrification. Ces trois tendances sont très gourmandes en softwares, qu’ils soient embarqués dans la voiture (onboard), utilisés par les applications que requiert son utilisation (offboard) ou dédiés à la communication entre le véhicule et les infrastructures routières (vehicle-to-infrastructure ou V2I). L’électrification contribue également à ce besoin croissant, tant pour le pilotage des équipements que pour la recharge et le contrôle des batteries, fonctionnalités qui n’existaient pas sur les véhicules thermiques.

Le besoin élevé en softwares de ces trois tendances fait qu’il n’est plus possible de les gérer traditionnellement en silos avec des équipementiers, un constructeur et des distributeurs. En matière de services de mobilité, quantité d’acteurs publics sont impliqués, pour allouer des places de parking, fournir des espaces de recharge, donner accès aux data... Avec la digitalisation, les services connectés se multiplient, ainsi que les échanges entre le véhicule et son environnement. L’électrification, quant à elle, requiert des énergéticiens, des fabricants et des opérateurs de bornes, etc. Des logiques d’écosystèmes s’imposent donc.

La finalité de Software République est de transformer les solutions de mobilité sur la base de trois principes. Le premier est celui de souveraineté face à la puissance des GAFAM et de l’écosystème chinois qui prend une part croissante du marché automobile. Le deuxième principe est celui de sustainability, qui ne se limite pas au seul volet de l’électrification, mais s’efforce de se développer vers une notion de sustainable software, économe en data et sans recours injustifié au Cloud, dans un esprit low-tech. Enfin, la cybersécurité nous semble être fondamentale pour la mobilité, bien qu’encore éloignée des préoccupations de l’usager lambda qui n’imagine pas que son véhicule puisse être hacké. La surface d’attaque potentielle augmentant à mesure que le nombre de véhicules connectés augmente, le risque “cyber” nécessite d’être sérieusement pris en compte par notre industrie.

Software République est un écosystème souverain que nous avons souhaité inscrire dans une dimension européenne même si, pour le démarrage, les acteurs fondateurs sont français.

Software République n’a rien d’une secte repliée sur elle-même et ses six fondateurs travaillent en mode open innovation avec des start-up, des gouvernements de territoires ou de régions, avec des fonds d’investissements ainsi que, bien évidemment, avec des universités et des instituts.

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