Le Journal de l'École de Paris - Mai/juin 2005

Et je soulèverai le monde

Mai/juin 2005

L'édito de Michel BERRY

"Donnez-moi un point d'appui et je soulèverai le monde" dit Archimède au roi Hiéron après avoir montré qu'un homme seul pouvait, avec des dispositifs appropriés, mettre à l'eau une galère de trois mâts avec tout son chargement. Avec de petites forces, on peut avoir de grands effets, c'est l'angle sous lequel on peut lire les articles de ce numéro. Bernard Charlès aurait pu se contenter de considérer que le logiciel CATIA allait transformer le travail des bureaux d’études : Dassault systèmes se serait sans doute installé confortablement dans la position de leader mondial de la CAO. On verra qu’il a été amené à forger un projet autrement plus ambitieux : révolutionner le management des entreprises. Ici les leviers sont les possibilités offertes par la vision en trois dimensions, mais aussi de nouveaux modes d’interaction à mettre en place dans les entreprises. Bernard Barateau et Pierre Birambeau ne voulaient pas rester passifs devant la maladie de leurs enfants, et leur combat contre la myopathie a changé le monde. Non seulement il a modifié le regard porté sur les myopathes, créé une mobilisation d’une ampleur inconnue autour d’une maladie avec le Téléthon, conduit au décryptage du génome, mais aussi inventé un nouveau rapport entre savants et profanes. Les points d’appui ont été une organisation associative particulièrement dynamique et la télévision. Le renouveau de Valenciennes a été animé par un très petit nombre d’acteurs, alors que les autorités politiques locales s’étaient résignées au déclin consécutif à la fermeture des mines et des usines sidérurgiques. Francis Aldebert a transformé sa CCI en moteur du développement local et Jean-Louis Borloo, élu triomphalement maire après avoir redressé le club de football, a galvanisé ses administrés par des dispositifs de dialogue d’un genre nouveau. Quels sont les secrets de Luc Michaud, qui prend la direction d’entreprises au bord de la ruine et les amène en peu de mois à une situation florissante ? Bien des patrons affichent en effet les mêmes méthodes que lui, sans pour autant réussir : élaborer une stratégie ambitieuse et crédible, motiver les équipes, fonder ses relations sur la confiance et le respect. Son étonnant coach, Bernard Leblanc-Halmos, donne sa réponse en distinguant les rentabilistes, qui se bornent à valoriser l’existant, et les potentialistes, qui savent, eux, détecter les richesses cachées des organisations et les faire surgir. Claude Riveline avance dans la page Idées que ceux qui savent lutter contre les fatalités ont une foi qui leur permet de regarder les choses de haut. Ils savent repérer dans les collectifs humains des énergies inemployées et les transformer en miraculeuses sources d’énergie.
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