Le Journal de l'École de Paris - mars/avril 2004

Aventures un peu folles

mars/avril 2004

L'édito de Michel BERRY

Le Journal de l'Ecole de Paris du management a sept ans, cela méritait de marquer l'événement. C'est pourquoi nous avons décidé de le doter d'une nouvelle maquette, en couleur. Nous entamons sa nouvelle vie avec un thème qui sied à l'École de Paris : aventures un peu folles. Dans Éloge de la folie d'Erasme, la folie, faisant son propre éloge, avance : "Dans les affaires il n'y a que deux obstacles : l'hésitation, qui trouble l'esprit, et la peur qui empêche d'agir. La Folie libère de ces deux fléaux, mais peu de gens saisissent l'intérêt qu'il y a à toujours tout oser". La folie se vante ici, bien sûr, et il ne faut pas toujours l'écouter, mais il est rare que les projets qui marquent soient considérés au départ comme raisonnables. Voyons cela avec le présent numéro. L'idée folle jaillit lors d'une discussion du comité Grand Lille : on pourrait poser la candidature de Lille à l'organisation des Jeux olympiques de 2004. D'abord accueillie par un grand éclat de rire, elle est prise au sérieux : après tout, explique Francis Ampe, il faut des idées folles pour relancer une région sinistrée, et la recette a déjà marché plusieurs fois. On verra comment ce projet inattendu a fédéré des enthousiasmes et a permis, selon le mot de Pierre Mauroy, de transformer une défaite en victoire. Après une semaine à Montréal, des pionniers des projets décident de créer le Club de Montréal. Ils seront tous présidents ; ils iront sur le terrain pour examiner sans complaisance des expériences ; les nouveaux ne seront cooptés qu'avec l'accord de trois membres ; on se rencontrera dans des villes ayant pour nom Montréal pour faire le point dans une ambiance festive entretenant convivialité et esprit subversif. Un tel programme ne manqua pas de rallier d'autres pionniers et le Club devint un mythe : dès les premiers contacts avec Renault, les gens de Nissan ont demandé : "C'est quoi le club de Montréal ?" Michael Aiken, Américain passant un an en Europe, s'étonne de la méconnaissance réciproque des chercheurs européens et s'active à lancer l'organisation de rencontres entre Européens. C'est ainsi que naît Egos qui tient sa première réunion, il y a trente-deux ans, dans un château d'EDF. N'ayant longtemps ni statut, ni argent, ni responsables élus, rappelle Jean-Claude Thoenig, Egos a prospéré avec une obsession qui fédère : s'opposer au modèle américain en prônant l'ouverture, la liberté de ton et la découverte du voisin. L'usine Renault de Billancourt, une légende, ne pouvait pas finir dans des projets immobiliers banals. Le gouvernement veut faire une opération d'intérêt national et deux groupes de travail travaillent sur des projets mariant cité scientifique, bureaux et habitations, mais sans succès, rappelle Jacques Pernelle. Les projets étaient sans doute trop raisonnables. Mais quand François Pinault propose de bâtir dans l'Île Seguin un musée d'art contemporain, Michel de Virville sent que le projet va aboutir. C'est enfin un projet à la hauteur du mythe.
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